Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/455

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les uns et les autres ils soient nez allemands. En Hollande toutes les personnes qui ont quelque éducation sçavent parler françois dès leur jeunesse. L’état se sert de cette langue en plusieurs occasions, et il applique même son grand sceau à des actes redigez en françois. Les hollandois ont traduit néanmoins nos bons ouvrages, principalement les dramatiques. Ils ont voulu, pour ainsi dire, les naturaliser flamands. Le comte d’Ericeyra, le digne héritier du Tite-Live de sa patrie, a mis en portugais l’art poëtique de Monsieur Despreaux. Enfin nos voisins ne traduisoient pas les tragédies de Jodelle et de Garnier. On ne voïoit pas sous Henri Iv des troupes de comédiens françois parcourir la Hollande, la Pologne, l’Allemagne, le nord, et quelques états d’Italie pour y joüer les pieces de Hardi et de Chrétien. Il y a même aujourd’hui des troupes de comédiens françois qui ont des établissemens fixes dans les païs étrangers. Le suffrage de nos voisins, aussi libre et aussi désinteressé que le suffrage de la postérité pourra l’être, me semble un garand de son approbation. Les loüanges