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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/456

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que Despreaux a données à Moliere et à Racine, concilieront autant de suffrages à ces deux poëtes dans l’avenir, qu’elles peuvent leur en avoir procuré parmi les anglois et parmi les italiens nos contemporains. Qu’on ne dise point que la vogue où la langue françoise est depuis soixante ans, est la cause de la vogue que nos poësies peuvent avoir dans les païs étrangers. Les étrangers nous diront eux-mêmes que ce sont nos poëmes et nos livres, qui plus qu’aucun autre évenement ont contribué à donner à la langue dans laquelle ils sont écrits un si grand cours, qu’elle a presque ôté à la langue latine l’avantage d’être cette langue que les nations apprennent par une convention tacite pour se pouvoir entendre. On peut dire aujourd’hui de la langue françoise ce que Ciceron disoit de la langue greque. Lorsqu’un ministre allemand va traiter d’affaire avec un ministre anglois ou un ministre hollandois, il n’est pas question quelle langue ils emploïeront dans leurs conferences. La chose est c