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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/457

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onvenuë depuis long-temps. Ils parlent françois. Les étrangers se plaignent même que notre langue envahisse, pour ainsi dire, les langues vivantes en introduisant ses mots et ses phrases à la place des anciennes expressions. Les allemands et les hollandois disent que l’usage que font leurs concitoïens des mots, et principalement des verbes françois, en parlant hollandois et allemand, corrompt leurs langues comme Ronsard corrompoit le françois par les mots et par les locutions des langues sçavantes qu’il introduisoit dans ses vers. L’examinateur, c’est l’auteur d’un écrit qui se publioit il y a vingt ans à Londres plusieurs fois chaque semaine, dit que le françois s’est tellement introduit dans les phrases angloises, lorsqu’il s’agit de parler de guerre, que les anglois ne peuvent plus entendre les rélations des sieges et des combats que leurs compatriotes écrivent en anglois. L’abbé Gravina a fait une pareille plainte pour la langue italienne dans son livre sur la tragédie. On peut même penser que les écrits des grands hommes de notre nation, promettent à notre langue la destinée de la langue grecque litterale et de la langue latine, c’est-à-