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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/463

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tourne au tour de la terre. Monsieur Despreaux a dit cent fois qu’il n’avoit songé qu’à opposer le sentiment de ceux qui faisoient tourner le soleil sur son axe au sentiment de ceux qui n’avoient pas voulu qu’il tournât sur son axe, et le vers le dit même assez distinctement pour n’avoir pas besoin d’être interpreté. De pareilles injustices ne diminueront point la réputation de nos poëtes, puisque celles qu’on fait aux anciens ne diminuent point la leur, quoiqu’elles soient en bien plus grand nombre. Comme ils ont écrit en des langues qui sont mortes aujourd’hui, et comme bien des choses dont ils ont parlé ne sont connuës qu’imparfaitement aux plus doctes, on peut croire sans témerité que leurs censeurs ont tort fort souvent, même en plusieurs occasions où l’on ne sçauroit prouver qu’ils n’ont pas raison. Ainsi nous pouvons promettre sans trop de témerité la destinée de Virgile, d’Horace et de Ciceron aux écrivains françois, qui font honneur au siecle de Louis Le Grand, c’est-à-dire, d’être regardez dans tous les temps et par tous les peuples à venir comme tenans