Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/485

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus distinctement que lui les principales circonstances de la circulation. La plûpart des sçavans de son temps furent persuadez de son opinion, et ils l’établirent même dans le monde autant qu’une verité physique, qui ne tombe pas sous les sens, y peut être établie, c’est-à-dire, qu’elle y passa pour un sentiment plus probable que l’opinion contraire. La foi du monde pour les raisonnemens des philosophes, ne sçauroit aller plus loin, et soit par instinct, soit par principes, les hommes mettent toujours une grande difference entre la certitude des veritez naturelles, connuës par la voïe des sens, et la certitude de celles qui ne sont connuës que par la voïe du raisonnement. Ces dernieres ne sçauroient leur paroître que de simples probabilitez. Il faut pour les convaincre pleinement de ces veritez, en pouvoir mettre du moins quelque circonstance essentielle à portée de leurs sens. Ainsi quoique le grand nombre des physiciens, et la plus grande portion du monde fussent persuadez en mil six cens quatre-vingt-sept, que la circulation du sang étoit une chose certaine, néanmoins il y avoit encore bien des sçavans