Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/506

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Mais des philosophes s’opposent tous les jours aux philosophes qui soutiennent que la recherche de la verité

est un ouvrage qui enseigne la verité. Si tous les philosophes rendent justice au mérite personnel de Monsieur Descartes, ils sont en récompense partagez sur la bonté de son systême de philosophie. D’ailleurs, comme nous l’avons déja dit, c’est souvent sur la foi d’autrui que les hommes adoptent le systême qu’ils enseignent ensuite, et la voix publique qui s’explique en sa faveur, n’est ainsi composée que d’échos répetans ce qu’ils ont entendu. Le petit nombre qui dit son sentiment propre, ne dit encore que ce qu’il a pû voir à travers ses préjugez, dont le pouvoir est aussi grand contre la raison qu’il est foible contre les sens. Ceux qui parlent d’un poëme, disent ce qu’ils ont eux-mêmes senti en le lisant. Chacun porte un suffrage qu’il a formé sur sa propre expérience. Il l’a formé sur ce qu’il a senti en lisant, et l’on ne s’abuse point sur les veritez qui tombent sous le sentiment, comme on se trompe sur les veritez où l’on ne sçauroit aller que par voïe du raisonnement. Non-seulement nous ne nous égarons