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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/509

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ce raisonnement d’une dissertation méthodique sur la force des préjugez dont les hommes sont imbus durant l’enfance. C’est un lieu commun très-connu de tout le monde. Je répons que des préjugez tels que ceux dont il est ici question, ne subsisteroient pas long-temps dans l’esprit de ceux qui en auroient été imbus, s’ils n’étoient pas fondez sur la verité. Leur propre expérience, leur propre sentiment, les en auroit bien-tôt désabusez. Supposé que durant l’enfance et dans un temps où nous ne connoissions pas encore les autres poëmes, on nous eut inspiré pour l’éneïde une veneration qu’elle ne méritât point, nous sortirions de ce préjugé dès que nous viendrions à lire les autres poëmes, et à les comparer avec l’éneïde. En vain nous auroit-on repeté cent et cent fois durant l’enfance que l’éneïde charme tous ses lecteurs, nous ne le croirions plus si elle ne nous plaisoit que médiocrement, quand nous sommes devenus capables de l’entendre sans secours. C’est ainsi que tous les disciples d’un professeur de l’université qui auroit enseigné que les déclamations que nous avons sous le nom de Quintilien valent