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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/535

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Ainsi les figures empruntées des armes et des machines de guerre des anciens, ne sçauroient faire sur nous la même impression qu’elles faisoient sur eux. Les figures tirées d’un combat de gladiateurs, peuvent-elles frapper un françois qui ne connoît gueres, ou du moins qui ne vit jamais les combats de l’amphitéatre, ainsi qu’elles affectoient un romain épris de ces spectacles ausquels il assistoit plusieurs fois en un mois ? Croïons-nous que les figures empruntées de l’orchestre, des chœurs et des danses de l’opera, affectassent ceux qui n’auroient jamais vû ce spectacle, ainsi qu’elles affectent ceux qui vont à l’opera toutes les semaines ? La figure, manger son pain à l’ombre de son figuier,

doit-elle faire sur nous la même impression qu’elle faisoit sur un syrien presque toujours persecuté par un soleil ardent, et qui plusieurs fois avoit trouvé un plaisir infini à se reposer à l’ombre des grandes feüilles de cet arbre, le meilleur abri de tous ceux que peuvent donner les arbres des plaines de son païs. Les peuples septentrionnaux peuvent-ils être aussi sensibles à toutes les autres figures qui peignent la douceur de l’ombre et de la fraîcheur, que