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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/554

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A-t-il pû donner à ce prince le caractere connu du comte de Dunois ? A-t-il pû changer à son plaisir les évenemens des combats et des sieges ? A-t-il pû taire certaines circonstances connues de son action, qui font peu d’honneur à Charles Vii. La tradition se fut soulevée contre lui. D’ailleurs, comme nous l’avons exposé dans la premiere partie de cet ouvrage, rien ne détruit plus la vraisemblance, qui est l’ame de la fiction que de voir la fiction démentie par des faits generalement connus. Si les heros d’Homere ne se battent pas en duel aussi-tôt qu’ils se sont querellez, c’est qu’ils n’avoient pas sur le point d’honneur le sentiment des gots ni de leurs pareils. Les grecs et les romains qui ont vécu avant la corruption de leurs nations, avoient encore moins de peur de la mort que les anglois, mais ils pensoient qu’une injure dite sans fondement ne deshonorât que celui qui la proferoit. Si l’injure contenoit un reproche fondé, ils pensoient que celui qui l’avoit essuïée n’eut d’autre voïe de reparer son honneur que celle de se corriger. Les peuples polis ne s’étoient pas encore avisez qu’un combat singulier, dont le hazard, ou