Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/575

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un homme à tout prendre, plus habile que les medecins d’aujourd’hui. Ils admirent sans prétendre les égaler, sa pratique et ses prédictions sur le cours et sur la conclusion des maladies, bien qu’il les fit avec moins de secours que les médecins n’en ont presentement pour faire leurs prognostics. Aucun d’eux n’hésite quand on lui demande s’il n’aimeroit pas mieux être traité par Hippocrate dans une maladie aiguë, même en supposant les connoissances d’Hippocrate, bornées où elles l’étoient quand il écrivit, que par le plus habile médecin qui soit aujourd’hui dans Paris ou dans Londres. Tous voudroient être remis entre les mains d’Hippocrate. C’est que le talent de discerner le temperament du malade, la nature de l’air, sa temperature présente, les symptomes du mal, ainsi que l’instinct qui fait choisir le remede convenable et le moment de l’appliquer, dépendent du génie. Hippocrate étoit né avec un génie superieur pour la médecine, et ce génie lui donnoit plus d’avantage dans la pratique sur les médecins modernes, que les nouvelles découvertes n’en donnent aux médecins modernes