Aller au contenu

Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Leurs chef-d’ œuvres sont dans les païs où ils avoient fait leurs études. Il semble qu’ils eussent perdu la moitié de leur mérite en repassant les Alpes. En effet, ces artisans de retour à Paris, n’y trouvoient pas aussi facilement qu’à Rome l’occasion de dérober des parties et souvent des figures entieres pour enrichir leurs compositions. Leurs tableaux se sont appauvris dès qu’ils n’ont plus été à portée de rencontrer à point nommé dans les ouvrages des grands maîtres, la tête, le pied, l’attitude, et quelquefois l’ordonnance dont ils avoient besoin. Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’ œuvres anciens et modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l’univers, à ces boutiques où l’on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n’en rapporte chez soi qu’à proportion de l’argent qu’on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l’on ne profite solidement de tous les chef-d’ œuvres de Rome, qu’à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n’avoit jamais été à Rome, et qui n’avoit vû que de loin, c’est-à-dire, dans