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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/81

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et ils sont ainsi parvenus à peindre la lumiere même. On est enchanté par la magie de leur clair-obscur. Les nuances ne sont pas mieux fonduës dans la nature que dans leurs tableaux. Mais ces peintres ont mal réussi dans les autres parties de l’art, qui ne sont pas les moins importantes. Sans invention dans leurs expressions : incapables de s’élever au-dessus de la nature qu’ils avoient devant les yeux, ils n’ont peint que des passions basses et une nature ignoble. La scéne de leurs tableaux est une boutique, un corps de garde, ou la cuisine d’un païsan : leurs heros sont des faquins . Ceux des peintres hollandois, dont je parle, qui ont osé faire des tableaux d’histoire, ont peint des ouvrages admirables pour le clair-obscur, mais ridicules pour le reste. Les vêtemens de leurs personnages sont extravagans, et les expressions de ces personnages sont encore basses et comiques. Ces peintres peignent Ulisse sans finesse, Susanne sans pudeur, et Scipion sans aucun trait de noblesse ni de courage. Le pinceau de ces froids artisans, fait perdre à toutes les têtes illustres leur caractere connu. Nos hollandois, au nombre desquels on voit bien que je ne comprens pas ici les peintres de l’école