Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/82

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d’Anvers, ont bien connu la valeur des couleurs locales, mais ils n’en ont pas sçû tirer le même avantage que les peintres de l’école venitienne. Le talent de colorier, comme l’a fait Le Titien, demande de l’invention, et il dépend plus d’une imagination fertile en expedients pour le mêlange des couleurs, que d’une perseverance opiniâtre à refaire dix fois la même chose. On peut mettre en quelque façon Teniers au nombre des peintres dont je parle, quoiqu’il fût né en Brabant, parce que son génie l’a déterminé à travailler plûtôt dans le goût des peintres hollandois que dans le goût de Rubens et de Vandick ses compatriotes, et même ses contemporains. Aucun peintre n’a mieux réussi que Teniers dans les sujets bas : son pinceau étoit excellent. Il entendoit très-bien le clair-obscur, et il a surpassé dans la couleur locale ses concurrens. Mais Teniers, lorsqu’il a voulu peindre l’histoire, est demeuré au-dessous du médiocre. On reconnoît d’abord les pastiches qu’il a faits en très-grand nombre, à la bassesse comme à la stupidité des airs de tête des principaux personnages de ces tableaux. On appelle communément des pastiches les tableaux que fait un peintre