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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/87

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ni la pratique même du jeu, continuée durant des années entieres ne peuvent plus le perfectionner davantage. Ainsi le travail et l’experience font bien faire aux peintres, comme aux poëtes, des ouvrages plus corrects, mais ils ne sçauroient leur en faire produire de plus sublimes. Ils ne sçauroient leur faire enfanter des ouvrages d’un caractere élevé au-dessus de leur portée naturelle. Un génie à qui la nature ne donna que des aîles de tourterelle, n’apprendra jamais à s’élever d’un vol d’aigle. Comme le dit Montagne, on n’acquiert gueres, en étudiant les ouvrages des autres, le talent qu’ils avoient pour l’invention. l’imitation du parler suit incontinent… etc.

les leçons d’un maître de musique habile développent nos organes, et nous apprennent à chanter méthodiquement ; mais ces leçons ne peuvent changer que très-peu de choses dans le son et dans l’étenduë de notre voix naturelle, quoiqu’elles la fassent paroître plus douce et tant soit peu plus étenduë.