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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/93

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les vers de l’imitateur moderne qui a voulu lutter contre son original. Il n’y rien de si petit dont l’amour propre ne fasse cas quand il flatte notre vanité. Aussi les auteurs les plus vantez pour la fecondité de leur génie, n’ont-ils pas dédaigné d’ajoûter quelquefois cette espece d’agrément à leurs ouvrages. étoit ce la stérilité d’imagination qui contraignoit Corneille et La Fontaine d’emprunter tant de choses des anciens ? Moliere a fait souvent la même chose, et riche de son propre fonds, il n’a pas laissé de traduire dix vers d’Ovide de suite dans le second acte du misantrope. On peut s’aider des ouvrages des poëtes qui ont écrit en des langues vivantes, comme on peut s’aider de ceux des grecs et des romains ; mais je crois que lorsqu’on se sert des ouvrages des poëtes modernes, il faut leur faire honneur de leur bien, sur tout si l’on en fait beaucoup d’usage. Je n’approuve point, par exemple, que M De La Fosse ait pris l’intrigue, les caracteres et les principaux incidens de la tragédie de Manlius, dans la tragédie angloise de Monsieur Otwai, intitulée, Venise