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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/94

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preservée, sans citer l’ouvrage dont il avoit tant profité. Tout ce qu’on peut alléguer pour la défense de M De La Fosse, c’est qu’il n’a fait qu’user de représailles en qualité de françois, parce que M Otwai avoit pris lui-même dans l’histoire de la conjuration de Venise par l’abbé de saint-Real, le sujet, les caracteres principaux et les plus beaux endroits de sa piece. Si M De La Fosse a pris à M Otwai, quelque chose que l’anglois n’eut pas emprunté de l’abbé de saint-Real, comme l’épisode du mariage de Servilius et la catastrophe, c’est que celui qui reprend son vaisseau enlevé par l’ennemi, est censé le maître de la marchandise que l’ennemi peut avoir ajoûtée à la charge de ce vaisseau. Comme les peintres parlent tous, pour ainsi dire, la même langue, ils ne peuvent pas emploïer les traits célebres, dont un autre peintre s’est déja servi, lorsque les ouvrages de ce peintre subsistent encore. Le Poussin a pu se servir de l’idée du peintre grec qui avoit représenté Agamemnon la tête voilée au sacrifice d’Iphigenie, pour mieux donner à comprendre l’excès de l