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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/98

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mais non pas le charger de fruits. Ces avis ne sont bons que pour corriger les fautes, et principalement pour rectifier le plan d’un ouvrage de quelque étenduë, supposant que les auteurs fassent voir leur plan en esquisse, et que ceux qu’ils consultent le méditent, et se le rendent present comme s’ils l’avoient fait eux-mêmes. diligenter legendum est,

dit Quintilien, ac penè… etc. . C’est ainsi que Despreaux donnoit à Racine des avis qui lui furent tant de fois utiles. Que peut gagner en effet un poëte qui lit un ouvrage, lequel a déja reçû sa derniere main, que d’être redressé sur quelque mot, ou tout au plus sur quelque sentiment ? Supposé même qu’on pût, après une simple lecture, donner un bon avis à l’artisan sur la conformation de son ouvrage : seroit-il assez docile pour s’y rendre ? Seroit-il assez patient pour refondre un ouvrage déja terminé, et dont il se tient quitte ? Les génies les plus heureux ne naissent pas de grands artisans. Ils naissent seulement capables de le devenir. Ce n’est qu’à force de travail qu’ils s’élevent