Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/99

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au point de perfection qu’ils peuvent atteindre, doctrina sed… etc.

dit Horace. Mais l’impatience de nous produire nous aiguillonne. Nous voulons déja faire un poëme, quand nous sommes à peine capables de bien faire des vers. Au lieu de commencer à travailler pour nous mêmes, nous voulons travailler pour le public. Telle est principalement la destinée des jeunes poëtes. Mais comme leur génie ne se connoît pas bien lui-même, comme ils n’ont pas encore un stile formé, qui soit propre au caractere de leur génie, et convenable pour exprimer les idées de leur imagination, ils s’égarent en choisissant des sujets qui ne conviennent pas à leurs talens, et en imitant dans leurs premieres productions, le stile, le tour et la maniere de penser des autres. Par exemple, Racine composa sa premiere tragédie dans le goût de Corneille, quoique son talent ne fût pas pour traiter la tragédie comme Corneille l’avoit traitée. Racine n’auroit pû se soutenir, si, pour me servir de cette expression,