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Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/48

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JOURNAL

fruits. Car la sécheresse exerce quelquefois de grands ravages. Il y a eu des années, où il n’a pas plu durant l’espace de neuf à dix mois. Alors tous les grains et l’herbe même brûlaient avant d’arriver à maturité ; les ruisseaux, les puits, les citernes, les sources, tout tarissait ; et l’on a vu des milliers de personnes aller à plusieurs milles chercher de l’eau pour leur propre usage. D’autres années, il arrive tout le contraire. Les pluies sont tellement abondantes et durables, que tout le pays est inondé durant plusieurs semaines, que tous les grains périssent en conséquence et qu’il arrive beaucoup d’autres fâcheux accidents. — Par exemple des maisons, des étables sont renversées, des ponts et des clôtures brisés, des bestiaux noyés, etc. beaucoup de personnes y perdent même souvent le vie, toute communication étant interceptée par les grands amas d’eau. De manière qu’exposée à l’un ou à l’autre de ces fléaux, la récolte n’est jamais assurée. Le pays est plutôt un pays pastoral qu’un pays de culture. La nature semble l’avoir particulièrement destiné au premier objet. Aucun pays ne possède autant de gras pâturages : les bois sont remplis, d’un bout de l’année à l’autre d’une herbe abondante et toujours verte — aussi y voit-on des troupeaux immenses de bœufs, de chevaux et de moutons. C’est là la grande source des richesses du pays et d’où découle la principale branche du commerce. Les bestiaux ne souffrent nullement des incommodités du climat ; les froids ne sont pas assez grands pour qu’ils s’en apperçoivent. L’ombrage d’immenses forêts