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D’UN EXILÉ

les garantissent des ardeurs du soleil. Les pluies leur sont le plus désagréable ; mais outre qu’elles ne sont que passagères, les animaux y sont tellement habitués, qu’ils n’en souffrent nullement.

Après ces notions, il ne doit pas paraître invraisemblable de voir des propriétaires posséder seuls de cinq à six mille chevaux, de quinze à vingt mille vaches, quatre-vingt à cent mille moutons, d’autres plus, d’autres moins, dont les bandes innombrables sont dispersées en différentes localités dans l’étendue immense de la Colonie. Après que la tonte est passée, l’on voit pendant plus de deux mois la laine descendre à plein chemin, tout emballée et prête à être mise à bord des bâtiments ; car c’est là le principal objet d’exportation, avec le bœuf salé, les peaux, le suif et quelques autres articles. L’exportation de ces objets a encore fort augmentée par suite de cette grande dépression dans toutes les affaires de la Colonie depuis 1812, époque où les prix des bestiaux et de tous les produits Coloniaux ont subi un si grand rabais. Les propriétaires de ces immenses troupeaux n’en pouvant plus prélever assez de bénéfice pour payer même le nombre de serviteurs que le soin de ces bestiaux requerrait ; les revenus mêmes de leurs vastes fermes ne pouvant pas non plus suffire pour payer la main-d’œuvre, et encore bien moins soutenir le luxe où vivent ces riches fermiers alors ils ont été contraint d’adopter le système de faire consommer les bestiaux pour le suif et les peaux qu’ils exportaient en Angleterre, ainsi ils réduisaient le nombre de leurs troupeaux, celui