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JOURNAL

de leurs domestiques et conséquemment diminuaient leurs dépenses. Aussi voyons nous descendre les bœufs et les moutons par milliers pour être consommés auprès de Sydney ou en toute autre place favorable à l’embarcation, afin d’éviter les frais de transport.

Cette révolution dans les affaires commerciale de la colonie, est en partie due à la quantité d’émigrés qui sont arrivés en masse depuis 1841, tous gens pauvres, n’apportant pas un sol dans le pays, et comme de raison, partageant avec les autres ce qu’il y avait : ce qui amena la réduction du salaire des ouvriers de toute sorte, la rareté de l’argent et enfin la décadence de la Colonie. Jusqu’alors les cultivateurs et autres avaient eu l’avantage d’avoir autant de prisonniers qu’ils voulaient à leur service n’ayant qu’à les nourrir et ne leur payant aucuns gages quelconques, c’est par là que commença l’ouverture de la Colonie, et que se fit la fortune de tant de Bourgeois de la Nouvelle Galle, c’est à dire aux dépens des sueurs et des travaux de ces malheureux qui défrichèrent leurs terres sans qu’il leur en coûtât un seul sou.

Mais en 1841 la déportation des Bannis (convicts) de la Grande Bretagne et de ses Colonies à Sydney cessa de manière qu’ils ne purent pas comme auparavant avoir la main-d’œuvre sans payer. Ils furent forcés de payer pour faire exécuter leurs travaux, et le produit des terres se donnant à bas prix ils ne purent soutenir le luxe dans lequel ils vivaient, aussi se trouvèrent ils presque tous insolvables dans l’espace