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D’UN EXILÉ

Dans les circonstances ordinaires, un témoignage d’intérêt ne fait souvent qu’une faible impression sur l’esprit, et le souvenir s’en échappe bientôt ; mais si l’infortune vous frappe, alors il revient et avec une vivacité toute nouvelle. Nous profitâmes de cette bienveillante attention de la Providence. Dans nos tristes réflexions le souvenir de Mr. Rœbuck se présenta tout à coup à notre mémoire. Nous nous rappelâmes avec attendrissement que dans plus d’une occasion, il avait manifesté de la bienveillance envers nos compatriotes et nous pensâmes que son âme généreuse s’intéresserait à nos malheurs. — Nous décidâmes de nous adresser à lui par voie de lettre ; et voici ce que lui écrivit l’un de nous, M. Lanctôt.


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Londres, 28 Décembre 1844.

« À John Rœebuck, Ecr M. P. &c. &c.

Monsieur,

« Arrivé depuis peu en cette Capitale, un étranger sans nom, sans crédit, sans autres recommandations que ses malheurs, pourrait-il aspirer à la faveur de communiquer avec vous ? Victime des commotions politiques dont son pays le Canada, fut naguère affligé, c’est à la faveur du patriotisme qu’il se familiarise de bonne heure avec votre nom, et que dans ce montent il ôse se permettre de soumettre à votre considération le court exposé de sa situation.

« Banni de sa patrie, retenu dans la sujétion depuis plus de six ans, il est enfin rendu à la liberté, ainsi que ceux de ces compatriotes qui partageaient avec lui le même sort. C’est en Juin dernier qu’il reçoit l’intelligence de son rappel. Cette libération, quoique tardive, il l’apprécie, il s’en félicite ; il a désormais le doux espoir de revoir ce qui l’attacha le plus