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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/236

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la surface de la salle sont occupés par des mécaniques. Le lin doit passer par l’eau bouillante pour qu’il soit assoupli. La vapeur remplit la salle à tel point que les ouvrières ne trouvent leur métier qu’en tâtonnant ; la chaleur est telle que les femmes sont obligées de se déshabiller et de ne conserver qu’une chemise et une jupe très courte avec un simple tablier en toile ! Pendant onze heures par jour la fileuse tient ses yeux fixés sur 240 broches tournant avec une rapidité vertigineuse. L’ouvrière transpire ; ses vêtements sont mouillés par la sueur de son corps et la vapeur de la salle. Une odeur infecte règne dans ces ateliers toujours humides et presque jamais nettoyés. Le bruit des métiers est tel qu’on n’entend plus que la voix des contremaîtres menaçant d’amendes et de renvois, etc. »

Avant le tout puissant capitalisme d’aujourd’hui, des milliers de familles trouvaient à vivre chez elles en produisant le même travail, moins rapide, peut-être, mais, à coup sûr, plus hygiénique et plus moral.

On ne fera cesser cet état déplorable que par un système d’impôts tel que les grands capitaux accumulés n’auront plus ni intérêt ni possibilité d’exploiter ainsi les travailleurs. Nous lisons encore souvent, dans nos journaux, les trop sérieuses critiques des conseils d’hygiène sur ces nombreuses installations où les grandes industries de toutes sortes font produire des bénéfices énormes par le travail exagéré et insuffisamment payé, au profit d’industriels ou de sociétés industrielles, réalisant ainsi, en quelques années, de véritables fortunes.