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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/503

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pital a pu et même a dû, pendant des siècles, se prêter sans intérêt. Alors, à quoi servait-il ? Il faut une certaine réflexion pour en concevoir l’utilité, même sous cette forme Si l’on prête mille francs à son voisin, sans intérêt, on ne cesse pas d’en être propriétaire ou créancier. N’est-ce pas le même résultat qu’on obtient en le déposant dans sa propre caisse ou une caisse publique pour le moment où l’on en aura besoin ? Si on prévoit un besoin prochain ou un besoin éloigné, on fixe l’époque où le prêt sera rendu à une date plus prochaine ou plus éloignée.

Entendu ainsi, le capital reste utile à tous, seulement il ne favorise pas la paresse ou la cupidité de celui qui le possède ; s’il veut s’en servir, il est obligé de le dépenser, et, s’il veut le conserver, il est obligé de remplir son obligation naturelle de travailler. Il ne développe pas en lui cette idée qu’il finit par trouver toute naturelle, qu’il a le droit de vivre sans travail personnel en se procurant par l’intérêt le produit du travail des autres.

Dans la vieille législation canonique et le droit mosaïque l’intérêt du capital n’avait pas d’existence légitime. Si l’impôt est détestable aujourd’hui, c’est qu’il retombe tout entier sur les travailleurs. L’usure d’un côté, l’impôt sur le travail d’un autre, forment l’obstacle le plus infranchissable qui sépare le travail et le capital.

Si le prêt à intérêt, c’est-à-dire l’usure, était encore interdit comme dans ces anciennes législations, nous ne verrions pas un si grand nombre de gens oisifs formant cette nouvelle classe sociale, le rentier, vivre