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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/504

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du travail des autres, et réunir d’immenses fortunes sans travail personnel. Au lieu de conserver ce capital comme source indéfinie de richesses nouvelles, sans peine, sans souci, le possesseur de ce capital, une fois qu’il cesserait de travailler lui-même, le dé penserait et le ferait rentrer dans la circulation générale en mangeant au bout, suivant l’expression populaire. Il le dépenserait, non comme le fait aujourd’hui le prodigue, sans souci du lendemain, mais comme l’homme ayant eu la précaution d’amasser pendant la période active de sa vie et vivant sur le tard avec ce trésor amassé. Il le rend à la société, c’est-à-dire au travail des autres, au lieu d’exploiter ce travail par l’usure, comme cela se fait aujourd’hui. La propriété n’aurait jamais inspiré à personne l’idée du vol ; elle serait absolument légitime dans la mesure où elle doit l’être. Le capital et le travail seraient dans la même main, le capital ne dépasserait guère le besoin actuel ou futur de son possesseur, puisqu’en dehors de ce besoin il n’en tirerait pas grand profit. Que feraient nos grands collectionneurs d’or et d’argent s’ils ne trouvaient pas à placer ce métal, pour l’augmenter encore par l’usure ?

On me dit : l’abolition du prêt à intérêt est impossible. D’accord ; mais au moins, qu’on en atténue les funestes effets, comme on atténue les effets de la peste, du choléra et de la fièvre jaune. L’impôt servira de garde frontière contre l’usure entre le capital et le travail.