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Chapitre Premier
L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

I
LA DÉSOLATION DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS

Le 11 juillet 1382, Nicole Oresme mourait dans sa ville épiscopale de Lisieux ; cinq ans auparavant, il avait mis la dernière mata à son Traité du Ciel et du Monde ; d’admirable façon, il y avait résumé toute la Physique nouvelle qu’il avait enseignée au cours de sa brillante carrière universitaire, qu’avaient enseignée ses contemporains, Jean Buridan, Albert de Saxe, Thémon le fils du Juif » Cette pléïade de novateurs avait disparu des chaires parisiennes.

Ils y avaient été remplacés par des disciples fidèles, soigneux conservateurs de la tradition reçue. Marsile d’Inghen professait la Dynamique de Jean Buridan, dont il s’avouait l’élève enthousiaste ; Henri de Langenstein développait les conséquences des méthodes qu’Oresme avait inaugurées dans son traité De difformitate qualitatum ; pour commenter la Sphère de Joannes de Sacro-Bosco, Pierre d’Ailly s’inspirait continuellement d’Albert de Saxe.

Mais voici que ces maîtres cessent, à leur tour, d’enseigner à l’Université de Paris ; dans la Nation Anglaise, commence l’exode qui entraîne vers l’Est les professeurs les plus réputés[1] ; ils se rendent aux pays d’Empire où de jeunes universités se créent ou s’organisent ; dès 1378, Marsile d’Inghen quitte Paris pour devenir bientôt le premier recteur de Heidelberg ; vers 1383, Henri de Hesse se rend à l’Université de Vienne

  1. Denifle et Châtelain Auctarium Chartularii Universitatis Parisiensis, I. Liber procuratorum nationis Anglicane, t. I ; col. 659-660, en note.