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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

la Nation lui donnait un successeur[1]. La veille, cependant, le Duc de Bedford était entré à Paris à la tête de cinq mille hommes.

La présence des soldats de Bedford ne suffit pas à rassurer les maîtres de la Nation Anglaise ; ils continuèrent à se disperser. En 1431, le vieux bedeau de la Nation, Boemundus Theodorici de Lutrea, se plaint[2] de son ancienneté, de la modicité de son salaire, « car à cette époque, par suite des guerres qui sévissaient dans le Royaume de France, la Nation n’avait que peu de ressources (non erat multum potens), et ne lui pouvait guère venir en aide » ; il ne saurait donc accomplir tout son service ; celui-ci, cependant, ne devait pas être fort chargé, car il n’y avait plus que deux maîtres, le receveur Conrad Wild et le procureur Martin Berech. Quand, en 1433, ce dernier parvint au terme de sa charge, ces deux seuls maîtres présents durent nommer[3] procureur un absent, Albert de Vorden qui, bientôt, vint les rejoindre. Mais aussitôt après la fête de saint Mathieu[4], tous les autres maîtres quittèrent Paris, et la Nation Anglaise, jadis si florissante, ne fut plus représentée que par le seul Albert de Vorden.

En 1434, Albert a retrouvé un compagnon, Maître Olave Magni. Mais la Nation Anglaise fait piètre figure dans l’Université. Plusieurs membres de la Nation Normande veulent profiter de cette décadence pour faire retirer à la Nation Anglaise toute voix délibérative dans les assemblées de l’Université[5]. Albert de Vorden et Olave Magni se voient forcés de porter plainte[6] devant le prévôt de Paris, par le ministère de Guillaume de Baymont, premier huissier du Parlement, contre le procureur et les maîtres de la Nation Normande.

La pénurie de maîtres va de pair avec la pénurie d’écoliers, et celle-ci a pour effet la pénurie d’argent. Le 29 Janvier 1436, la Nation constate[7] l’absence de tout candidat au Baccalauréat. Le 1er Juillet[8], « la Nation n’a point d’argent et n’espère pas en avoir, car elle ne compte, à Paris, aucun étudiant ès arts ». Le nombre annuel des bacheliers[9] qui, en 1427, était

  1. Liber procuratorum…, t. II, col. 416.
  2. Liber procuratorum…, t. II, col. 458.
  3. Liber procuratorum…, t. II, col. 458.
  4. Liber procuratorum…, t. II, col. 472.
  5. Liber procuratorum…, t. II, col. 478-479.
  6. Liber procuratorum…, t. II, pp. XIII-XVI.
  7. Liber procuratorum…, t. II, col. 484.
  8. Liber procuratorum…, t. II, col. 506.
  9. Liber procuratorum…, t. II, p. V.