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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

remonté à dix-huit, décroît extrêmement ; il tombe à deux en 1431, en 1433, en 1436 ; il se réduit à un en 1434, 1435 et 1438.

En 1438, les Écorcheurs battaient l’estrade autour de Paris[1], ravageant les champs et dépouillant les cultivateurs ; dans la ville, les vivres n’arrivaient plus ; la misère était encore plus grande et la population plus réduite qu’au moment où l’armée française assiégeait Paris tombé au pouvoir des Anglais. Pour comble, à la faim et à la misère, la maladie vint bientôt joindre ses horreurs ; une grave épidémie se déclara ; elle coûta la vie à plus de quarante cinq mille habitants, selon le Bourgeois de Paris[2], à cinquante mille au moins, selon Jehan Chartier[3].

La plupart des maîtres de la Nation Anglaise quittèrent la ville affamée et pestiférée ; ceux qui n’avaient pas fui, comme Albert de Vorden et Robert Esschink, furent victimes de l’épidémie. En Juillet 1438, la Nation Anglaise ne comptait plus, à Paris, aucun représentant[4]. Elle demeura éteinte jusqu’en Avril 1439. Seul, pendant ce temps, le vieux bedeau Boëmond garda fidèlement les immeubles de la Nation et aussi les biens meubles ; ceux-ci tenaient tous dans un sac[5].

Le 27 Avril 1439, la Nation recommence de vivre[6] ; elle se donne pour procureur Jacques Winthorst de Hambourg ; combien de maîtres prirent part à cette reinceptio et à cette élection, le Livre des Procureurs ne nous le dit pas alors ; mais le 15 Mai de la même année ; il nous dit[7] que la Nation fut reprise (resumpta) par deux maîtres, Jean Bunrode de Lubeck et Jacques Winthorst. Jean Bunrode, nommé receveur de la Nation le 13 Janvier 1440[8], disparaît bientôt ; le 9 Mai, Winthorst constate[9] qu’il est, de toute la Nation Allemande, le seul régent présent à Paris ; et comme il doit bientôt partir en voyage, il confie les biens de la Nation au fidèle bedeau Boëmond.

« Le 6 Décembre 1440, moi, Albert Scriptoris[10] de Dœbrech, au diocèse de Trêves, maître ès-arts, je suis rentré à Paris avec

  1. Liber procuratorum… t. II, note au bas des col. 505-506.
  2. Journal d’un Bourgeois de Paris, p. 342.
  3. Jehan Chartier, Chronique de Charles VII, éd. Vallet de Viriville, t. I, p. 245.
  4. Liber procuratorum…, t. II, notes au bas des col. 505, 506 et 507.
  5. Liber procuratorum…, t. II, p. V.
  6. Liber procuratorum…, t. II, 507.
  7. Liber procuratorum…, t. II, 508.
  8. Liber procuratorum…, t. II, 511.
  9. Liber procuratorum…, t. II, 512-514.
  10. Liber procuratorum…, t. II, 514-515.