grasse, l’avait suivi, comme à l’ordinaire, après le repas ; elle s’éventait lentement, avec des gestes de prélat élégant. La conversation mollissait, et les parents allaient certainement céder à la tentation d’une petite sieste, quand leur fille laissa tomber ces mots :
– Papa, j’ai quelque chose à te dire.
La voix chaude de leur enfant, tout à coup détimbrée par une émotion intense, fit sortir le père et la mère de leur somnolence . Le père taquina :
— Tu parles donc quelquefois pour ne rien dire, que tu te crois obligée de retenir mon attention ?
— Peut-être !…… Voilà…… je suis fiancée !
— Fiancée ? sans me consulter ? Depuis quand ? Avec qui ?
– Simone…, laisse à ta fille le temps de répondre, et ne lui pose qu’une question à la fois. Un peu de méthode. Mad…, de qui s’agit-il ?
— D’un héros !
— Aïe ! Aïe ! un aviateur, je parie ?
— Non…… un biffin……
— Bravo ! mais comme tu n’es pas plus le Sphinx que je ne suis Œdipe, pas d’énigme, n’est-ce pas ? Le nom du fiancé bolide ?
— Marcel Cormier.