Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
MARMITES ET MARMITONS

pas spéciaux étaient servis après que les dîneurs du repas régulier eussent quitté le réfectoire.

Les autorités du camp étaient invitées à ces agapes organisées à l’occasion de la fête de quelqu’un ou pour célébrer une date ou la libération d’un camarade. Autorités, je veux dire le porte-parole, les chefs des baraques, les médecins et moi-même en ma qualité de directeur de l’hôpital.

La décoration des tables, ornées de papier coloré, de fleurs et de feuillages, avait quelque chose de tout à fait cocasse. Il y avait aussi des places d’honneur. En un mot, on retrouvait l’atmosphère caractéristique des grands banquets. Au dessert, plusieurs orateurs faisaient des allocutions. Et les gens invités à parler le faisaient toujours sur un ton plaisant avec le plus de jovialité et de bonne humeur possible.

Le camp possédait trois orchestres et il arrivait souvent qu’un de ces orchestres ou même deux ou même quelquefois les trois fussent invités à ces occasions. Le banquet se déroulait alors au son d’une musique appropriée. Après le café, des ténors, des barytons et même des « rigolos » offraient un programme artistique.

Ces banquets étaient donc de véritables événements mais, comme me l’expliquait le nouveau marié, quelque chose y manquait toujours : le vin.

Si l’appétit vient en mangeant, la soif s’en va en buvant, disait un personnage illustre du xvième siècle qui, sûrement, sous-entendait du vin. Mais, au camp, il n’y avait que de l’eau ! Tous les méchants sont buveurs