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LA VILLE SANS FEMMES

ville en autorisant nos divertissements musicaux, et en les favorisant même dans toute la mesure du possible.

Les Allemands, qui habitaient seuls le camp avant nous, avaient, d’ailleurs, profité largement de cette autorisation.

Le sergent du service médical sanitaire leur avait prêté un piano que nous avons nous-mêmes gardé pendant un certain temps avant d’en acheter un à notre compte. Le musicien d’une brasserie munichoise de Montréal fort fréquentée durant quelques années avait formé un premier embryon d’orchestre avec un accordéon et trois violons. Cet orchestre s’élargit considérablement par la suite. D’autres, suivant le goût de leur pays, avaient formé une chorale.

Le lendemain de notre arrivée, les Allemands organisèrent un concert en notre honneur. Ce fut pour nous une stupéfaction, une révélation et un réconfort à la fois.

Les violons et l’accordéon se firent entendre dans les valses de Strauss.

Jamais je n’ai été autant pénétré par les roulades enveloppantes du « Beau Danube Bleu ». Ah ! Vienne, Vienne, ville frivole et charmante, où es-tu ?

Enfin, le chœur rangé, discipliné, carré, massif comme un régiment de Poméraniens, n’eut ni une faiblesse, ni une rature en exécutant une marche de Wagner.

Les concerts qui suivirent furent naturellement mixtes. Les Italiens eurent vite leur part. Car, outre le médecin, ils pouvaient mettre en ligne un musicien accompli, un artiste dans toute l’acception du mot : un jeune