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LA VILLE SANS FEMMES

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Dans chaque baraque, des dessins en couleurs qui font des taches criardes sur les murs, les vitres des fenêtres, les cloisons de carton des couchettes, même sur le dossier des chaises, étalent des corps féminins nus ou presque nus en des poses provocantes et lascives. Ces dessins ont été découpés dans les magazines Esquire ou d’autres périodiques semblables par des camarades victimes de « refoulement ». À travers cette iconographie naïve, la femme absente reste toujours omniprésente.

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Ce grand jeune homme n’a eu qu’une passion et a maintenant toutes les raisons d’en être guéri. Il vient de lire un roman qui l’a fort impressionné, et il est déjà prêt à faire une rechute.

— L’auteur, me dit-il, considère la femme comme une créature, une sorte d’animal agréable qui se livre par un mouvement irrésistible de son bon cœur et de son joli corps. Elle serait donc un être purement (et quand je dis purement !…) sensuel ! Par conséquence logique, l’amour devrait être un acte physique, toujours identique à lui-même, en sa brève brutalité… Or je prétends ceci : il est possible que les femmes soient comme ça… Mais pas toutes, pas toutes. Et il est également possible que l’amour soit souvent comme ça… Mais pas toujours, pas toujours !

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