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LA VILLE SANS FEMMES

Le « philosophe » s’est fait une spécialité de consoler les camarades en « mal de jalousie ». Et il y parvient fort bien. Curieux, je lui ai demandé ce qu’il leur racontait.

— C’est bien simple, m’explique-t-il. En narrant leurs malheurs, ils ajoutent tous en guise de refrain : « Il aurait fallu que je me méfie… Toutes les femmes se ressemblent… » Alors je leur dis : « Non, mon vieux… Si rien ne ressemble à une femme comme une autre femme, il est également vrai que rien n’est plus différent d’une femme qu’une autre femme. » Et cette vérité première obtient toujours son effet…

J’ai voulu sonder le « philosophe » sur ce problème délicat. Mais il s’est immédiatement rebiffé.

— Ah ! non, mon vieux… Non… Pas pour moi ce truc-là. Les femmes ne valent pas les ennuis, les tracas et les peines qu’elles nous causent.

D’où j’ai conclu que le philosophe avait dû souffrir beaucoup à cause de l’amour d’une femme.

***

Ce qui doit toujours consoler un homme, c’est que, si les femmes possèdent réellement une prodigieuse faculté d’oubli envers ce qui fut « tout » pour elles, en revanche et en guise de compensation, elles possèdent une formidable faculté de renouveler leur amour. Et, comme on dit en termes sportifs, c’est en « longueur » qu’on finit toujours par avoir le dernier mot…

***