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LA VILLE SANS FEMMES

Et plus loin : « Ce qui est propre à chaque être, en vertu de sa nature, est aussi ce qui est le meilleur et le plus agréable… »

Je me suis tourné vers ceux qu’on appelle « les grands ». Et je me suis aperçu que l’aiguillon du sexe ne pique pas seulement le commun des hommes, mais qu’il harcèle et bien davantage encore les natures exceptionnelles. Peut-être bien parce que « force de sang et d’esprit vont toujours ensemble… »

D’après Boccace, Dante « aimait la volupté ». Tolstoï a fait des confidences du même genre à Gorki, qui les raconte dans ses mémoires. Et si je dressais une liste, elle serait très longue.

Il n’y a que les eunuques, les hommes frigides, les pharisiens et les quakers, qui puissent trouver scandaleux les besoins de l’amour.

Évidemment on lutte ! On lutte de bonne foi !

Saint Augustin, qui a lutté aussi et beaucoup avant de triompher, reconnaît que « c’est la volonté perverse qui crée le libido ; que c’est l’asservissement à cette volonté qui fait l’habitude, et que c’est l’habitude, qui engendre « la nécessité ».

Donc, il n’y a qu’à se « déshabituer » peu à peu. Mais c’est long. Et c’est pénible.

Saint Paul nous y aide : « Ne vous souciez pas de la chair, nous conseille-t-il. Vous n’en éveillerez pas les appétits. »

Tout cela est très vrai, très juste, très grand. Mais on n’en souffre pas moins !