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DÉPARTS ET ARRIVÉES

Seulement, ceux qui restent ne s’attardent pas longtemps à ces émotions. Ils s’occupent surtout des problèmes pratiques. Les partants sont entourés :

— Laisse-moi la petite cafetière…

— Donne-moi tes pantoufles.

— Et à moi la lèchefrite en émail.

Enfin, l’homme heureux qui s’en va passe le seuil de la grille. On le salue de loin. Puis on le voit s’éloigner dans le camion militaire. Et c’est fini !

Le lendemain, à table, on dit déjà de lui, sur un ton un peu mauvais :

— Tant mieux qu’il soit parti… Il commençait à devenir insupportable !

— D’ailleurs, ajoute un autre, il est sorti parce qu’il a accepté des choses…

— En attendant, remarque un jeune, le voilà chez lui à l’heure actuelle… Il ne doit pas s’embêter avec sa bourgeoise.

Et ici quelques allusions un peu grivoises.

Huit jours après, nous avons oublié celui qui est parti. Et lui nous a oubliés à son tour… Il n’est plus qu’un souvenir. Un mort, parmi les morts.

Départs et arrivées !…

Dans la liste des départs… provisoires, il faut signaler ceux des camarades qui ont essayé de jouer « la fille de l’air… »

Commençons par une constatation. Pendant quarante mois, j’ai assisté à environ six ou sept tentatives d’évasion. Aucune n’a réussi. Pourquoi ? Peut-être parce que