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ANNEXE

décrasser les planchers, ni désinfecter l’édifice, il n’a même pas fait balayer ; nous, les civils, avons été jetés dans une sentine.

« Les prisonniers de guerre torturés avaient été gardés enfermés à clef dans des locaux si encombrés qu’ils ne pouvaient s’y étendre tous à la fois. Pour respirer un peu, ils avaient brisé les vitres. De tout cet hiver si terriblement froid, on n’a réparé les fenêtres ; beaucoup de nous sont morts de pneumonie. » Non seulement la nourriture était insuffisante en quantité et goûtait mauvais, elle était absolument du poison, et le plus souvent mal cuite. Tout le camp a été ravagé par la dysenterie ; il y avait des morts presque tous les jours. Un jour, 45 femmes sont mortes. Nous avons protesté auprès du commandant, mais il a ri de nous. Il nous a répondu que la nourriture était suffisante pour des cochons britanniques. »

Le mépris de la propreté et de l’hygiène semble caractéristique chez les Allemands. La race des maîtres aime à manifester sa supériorité en forçant ses victimes à vivre dans l’ordure.

Parmi les internés, il y avait une Anglaise instruite et son fils de 18 ans, idiot. Les gardes s’amusaient à faire souffrir la mère en jouant des tours au fils. M. de Martigny se rappelle : « Elle était presque tout le temps en larmes. Plus elle pleurait, plus les nazis s’acharnaient après le fils. Rien ne prouvait mieux la bestialité nazie. Le prétexte donné à l’internement était que le fils, d’âge militaire, pouvait s’évader en Angleterre pour combat-