Page:Dumas - Ange Pitou, 1880.djvu/135

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Le tiers avait attendu longtemps.

Le tiers murmura.

Dans les anciennes assemblées, le tiers haranguait à genoux.

Il n’y avait pas moyen de faire agenouiller le président du tiers.

On décida que le tiers ne prononcerait pas de harangue.

À la séance du 5, le roi se couvrit.

La noblesse se couvrit.

Le tiers voulut se couvrir, mais le roi se découvrit alors ; alors il aima mieux tenir son chapeau à la main que de voir le tiers couvert devant lui.

Le mercredi 10 juin, Siéyès entra dans l’Assemblée. Il la vit presque entièrement composée du tiers.

Le clergé et la noblesse s’assemblaient ailleurs.

— Coupons le câble, dit Siéyès ; il est temps.

Et Siéyès propose de sommer le clergé et la noblesse de comparaître dans une heure pour tout délai.

« Faute de comparution, il sera donné défaut contre les absents. »

Une armée allemande et suisse entourait Versailles. Une batterie de canon était braquée sur l’Assemblée.

Siéyès ne vit rien de tout cela. Il vit le peuple qui avait faim.

— Mais le tiers, dit-on à Siéyès, ne peut former à lui seul les états généraux. — Tant mieux, répondit Siéyès ; il formera l’Assemblée nationale.

Les absents ne se présentent point ; la proposition de Siéyès est adoptée : le tiers s’appelle l’Assemblée nationale, à la majorité de quatre cents voix.

Le 19 juin, le roi ordonne que la salle où se réunit l’Assemblée nationale sera fermée.

Mais le roi, pour accomplir un pareil coup d’État, a besoin d’un prétexte.

La salle est fermée pour y faire les préparatifs d’une séance royale qui doit avoir lieu le lundi.

Le 20 juin, à sept heures du matin, le président de l’Assemblée nationale apprend qu’on ne se réunira pas ce jour-là.

À huit heures, il se rend à la porte de la salle avec grand nombre de députés.

Les portes sont fermées, et des sentinelles gardent les portes.

La pluie tombe.

On veut enfoncer les portes.

Les sentinelles ont la consigne et croisent les baïonnettes.

L’un propose de se réunir à la place d’Armes.

L’autre à Marly.