Page:Dumas - Gabriel Lambert, Meline, 1844.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
GABRIEL LAMBERT.

je viens donc à elle avec toute confiance.

« — Ah ! ah ! je me doute de ce qui vous amène.

« — Un malheureux, coupable d’avoir fabriqué de faux billets de banque, a été condamné à mort par les dernières assises ; avant-hier, son pourvoi en cassation a été rejeté, et cet homme doit être exécuté demain.

« — Je sais cela, dit le roi, et j’ai quitté le cercle pour venir examiner moi-même toute cette procédure.

« — Comment ! vous-même, sire ?

« — Mon cher M. Fabien, continua le roi, sachez bien une chose, c’est qu’il ne tombe pas une tête en France que je n’aie acquis par moi-même la certitude que le condamné était bien véritablement coupable.

« Chaque nuit qui précède une exécution est pour moi une nuit de profondes études et de réflexions solennelles.

« J’examine le dossier depuis sa première jusqu’à sa dernière ligne, je suis l’acte d’accusation dans tous ses détails.

« Je pèse les dépositions à charge et à décharge, loin de toute impression étrangère, seul avec la nuit et la solitude, je m’établis