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LE PENDU.

vois bien que ma décision est prise, et que mon écriture n’est pas tremblée.

« — Oui, je vois bien cela, répondis-je, mais avec ce billet-là vous m’en donnez au moins pour un mois de cachot.

« — Pourquoi ?

« — Parce que rien ne dit que je ne vous ai pas aidé dans votre projet, et que je ne vous laisserai pendre, je vous en préviens, qu’à la condition qu’il ne me reviendra point de mal, à moi.

« — Comment faire, alors ? me dit-il.

« — Écrire un autre billet autrement conçu, d’abord.

« — Conçu en quels termes ?

« — Dans ceux-ci, à peu près, tenez :


« Aujourd’hui, 5 juin 1841, pendant l’heure de repos que l’on nous accorde, tandis que mon camarade Rossignol dormira, je compte exécuter la résolution que j’ai prise depuis longtemps de me suicider, la vie du bagne m’étant devenue insupportable.

« J’écris cette lettre afin que Rossignol ne soit aucunement inquiété.

« Gabriel Lambert. »