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GABRIEL LAMBERT.

cette recherche obstinée de ma mémoire, mais sans amener aucun résultat.

De son côté, le forçat paraissait tellement préoccupé d’éviter mon regard que je commençai à être peiné de l’impression que ce regard paraissait produire sur lui, et que je m’attachai à essayer de penser à autre chose.

Mais on connaît l’exigence de l’esprit lorsqu’il veut s’attacher à un homme ; malgré moi, j’en revenais toujours à cet homme.

Et, chose qui m’affermissait encore dans cette conviction que je ne me trompais pas, c’est que, chaque fois qu’après avoir détourné les yeux de dessus lui, j’avais pris sur moi de les fixer d’un autre côté et que je me retournais vivement vers cet homme, c’était lui à son tour qui me regardait.

La journée s’écoula ainsi : deux ou trois fois nous prîmes terre. J’étais occupé à cette époque à coordonner les derniers événements de la vie de Murat, et une partie de ces événements s’était passée sur les lieux mêmes où nous nous trouvions ; tantôt c’était un dessin que je désirais que Jadin prît pour moi, tantôt c’était une simple investigation des lieux que je voulais faire.