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la princesse flora

Mon cœur battait à rompre ma poitrine, quand le pont de Kamenostrov trembla sous ma voiture. Et me voilà à la maison de campagne du prince, splendidement éclairée et à travers les vitres de laquelle je voyais, au delà d’une haie de fleurs, les ombres d’une quantité de convives !

Tout à coup, ma bravoure m’abandonna.

Cependant, en comprimant mon cœur avec ma main, je traversai l’antichambre aussi adroitement que si je doublais l’entrée du port de Sveaborg. Mon nom, sorti de la bouche d’un valet de pied, retentit comme un coup de canon. La respiration me manqua, un brouillard voila mes yeux, et je fus tout près de faire le signal d’un navire en perdition. Mais j’avais traversé la ligne, il était trop tard pour retourner en arrière. J’entre, je fais mon salut ; – je devais avoir l’air d’un boulet rouge ! – je me tourne à droite, plus maladroitement qu’un vaisseau perdu. En un mot, je me sens aussi parfaitement à mon aise qu’une baleine échouée sur le sable. Alors ma confusion augmente. Les lorgnons des hommes me brûlaient comme le miroir d’Archimède ; les regards