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la princesse flora

n’allumons pas notre cigare à des éclairs ; mais je dois toujours te parler d’elle, car ce n’est qu’à elle que je pense.

Je sais parfaitement que mes bavardages sont plus ennuyeux pour toi qu’un calme sous les tropiques, plus ennuyeux même que le registre de comptes d’un officier, registre dont toutes les pages répètent éternellement : « Eau-de-vie, harengs, saindoux, vinaigre du Rhin, etc. » Mais, si tu ne veux pas que ton ami étouffe, un jour, à la fumée de son propre cœur, tu dois, bon gré mal gré, lire ce que je t’écris.

Le même jour de mon ridicule duel, j’allai chez la princesse, oubliant toutes les convenances. Je voulais lui prouver deux choses : la première, que je n’étais pas mort ; la seconde, que je n’étais pas poltron ; car, si l’idée qu’une femme peut me supposer capable d’une lâcheté m’est insupportable, l’idée que cette supposition peut venir à la princesse est pire que la mort. La sonnette a retenti : la princesse est au jardin ; la princesse se promène.

— Avec qui ? demandai-je vivement.

— Toute seule.