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PRIESTLEY.

On peut affirmer hardiment que Priestley était innocent de toute provocation, qu’il était cent fois innocent, car non-seulement il ne faisait pas même partie de la réunion qui devait avoir lieu ce jour-la, mais encore nous le voyons ensuite pendant trois ans habiter Londres avec la plus grande tranquillité. Non-seulement il y fait des cours, mais il continue toujours à prêcher, et certes il n’avait à attendre ni grâce ni faveur du ministère ou des agents subalternes du pouvoir.

Cependant, s’il ne fut l’objet d’aucune poursuite, il n’en fut pas moins en butte à mille tracasseries que ses continuelles imprudences semblaient vouloir justifier ou attirer sur sa tête. N’y tenant plus, il s’embarqua pour l’Amérique, en 1794. Une place de professeur à Philadelphie lui fut offerte. Il la refusa, pour aller s’établir à Northumberland, aux sources de Susqueannah, où il acheta une terre de 200 000 acres. Là, sous la protection du président Jefferson, il passa tranquillement le reste de ses jours, qui furent brusquement interrompus par un accident. Il fut empoisonné dans un repas avec toute sa famille, par une méprise dont on ne s’est jamais rendu compte. Personne ne succombe, mais lui, déjà vieux et affaibli, ne put résister longtemps à l’inflammation d’estomac qui en fut la suite.

Il mourut en 1804, conservant de singulières idées