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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

dîner, mais au moment même du repas on se précipita dans la maison où il avait lieu. Elle fut pillée et incendiée. Bientôt l’église de ses coreligionnaires subit le même sort ; et l’émeute, s’animant par le succès, se dirigea grondant vers la maison de campagne qu’il habitait.

Priestley, dans une ignorance complète de ces événements, était fort paisible au sein de sa famille. Quelques amis arrivés à temps l’arrachèrent au péril. Caché dans une maison voisine, il eut la douleur de voir sa bibliothèque détruite, ses instruments brisés, sa maison en flammes. Il put voir voler au milieu de la foule acharnée ses manuscrits en lambeaux, où les mains de quelques misérables cherchaient la preuve de ses crimes politiques et où ils ne trouvaient que des notes relatives aux Sciences ou à la religion. Il eut le chagrin d’assister à cette horrible scène, et, il faut le dire à sa gloire, il eut la force d’y assister avec le calme d’une haute philosophie. Il ne fit pas entendre la moindre plainte et jamais il ne parla avec amertume de ce déplorable événement.

Cependant la rage populaire n’était pas assouvie, et tous ses amis durent partager son sort. Leurs maisons furent saccagées et livrées aux flammes et Birmingham conserve encore un souvenir douloureux de cette émeute, dont les dégâts s’élevèrent à près de deux millions.