Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

en brûlant augmente de poids ; et sous ce rapport Lavoisier est tellement avancé, que les idées qu’il émettait ne pouvaient même pas être comprises.

Si j’insiste particulièrement sur cette remarque, c’est qu’elle jette le plus grand jour sur toutes les questions de priorité que le hasard a si souvent suscitées à cette époque entre Schéele, Priestley et Lavoisier. Elle permet d’affirmer, sans crainte, que Lavoisier, avant que Schéele ou Priestley eussent rien produit dans cette direction, avait déjà arrêté positivement le fond de ses idées : les découvertes postérieures faites par d’autres ou par lui-même n’en ont modifié que la forme. On lui a prêté des faits ; mais son point de vue primitif, demeuré pur, ne s’est altéré d’aucun emprunt.

Voulez-vous apprécier, du reste, toute la distance qui sépare Lavoisier de ses contemporains, lisez cette lettre de Macquer écrite, non en 1772, mais en 1778 ; non au moment où ses idées en germe pouvaient être confondues avec tant d’autres théories hasardées qu’un jour voit naître et mourir, mais six ans plus tard, et quand les idées de Lavoisier avaient déjà pour nous un sens complet et basé sur d’irréprochables expériences.

« M. Lavoisier, écrit Macquer, m’effrayait depuis longtemps d’une grande découverte qu’il réservait in petto, et qui n’allait à rien moins qu’à renverser