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LAVOISIER.

savant qu’on viendrait reprocher d’avoir manqué à sa mission ? Le résultat l’absout d’avance ; mais il est peut-être utile d’examiner avec quelque détail comment il l’a accomplie. Vous verrez à quel point le grand homme a su se multiplier, quand les circonstances l’ont exigé de lui. Prenez les volumes de l’Académie des Sciences de 1772 à 1786, et vous y trouverez au moins quarante Mémoires relatifs a l’établissement de sa doctrine.

En outre, vous voyez, pendant ce même temps, Lavoisier faire partie de toutes les Commissions, chargé de tous les Rapports difficiles ; vous le voyez se livrant tout entier, comme si rien n’eût préoccupé son esprit, aux recherches de Chimie que l’occasion commande, les plus aisées comme les plus arides, les plus agréables comme les plus dégoûtantes.

En même temps qu’il semble s’occuper avec tant d’ardeur des expériences nécessaires pour établir sa théorie, au moment où ses idées sur la chaleur le jettent dans une suite de recherches délicates, vous le voyez se livrer à un travail dont pas un chimiste ne voudrait peut-être se charger aujourd’hui. Il avait pour objet de reconnaître la nature des gaz produits par les matières fécales corrompues, des gaz qui se dégagent des fosses d’aisance, et devait conduire à découvrir quelque moyen de secours pour