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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Comme savant, que vouliez-vous donc qu’il fit de plus ? Non-seulement il a élevé un monument impérissable, mais il l’a élevé pierre à pierre, et il a soigneusement taillé, dressé, poli chacune d’elles. La collection de ses Mémoires ne fermerait pas moins de huit volumes ; nul Chimiste, jusqu’alors, n’avait autant travaillé que lui ; et s’il n’a pas travaillé davantage, hélas ! vous savez pourquoi.

Pour apprécier les services rendus aux Sciences par Lavoisier, il est indispensable d’établir une division entre ses travaux. Inséparables au fond, puisqu’ils tendent tous au même but, l’explication des phénomènes de la Chimie, leur nature oblige pourtant les distinguer en deux séries. Dans la première, nous placerons tous les Mémoires de Chimie qui ont trait à la théorie générale de la Science ; dans la seconde, nous mettrons tous les Mémoires de Physique relatifs à la chaleur et destinés à compléter la théorie de la combustion.

Considérez les Mémoires chimiques de Lavoisier, et vous éprouverez quelque étonnement à le voir allier à la plus grande hardiesse de pensée une extrême prudence, une excessive réserve dans le discours. Il commence par établir que les corps, en brûlant, augmentent de poids en absorbant de l’air, et s’il insinue que le phlogistique n’est pas nécessaire à l’explication des phénomènes, cette pensée