Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
LAVOISIER.

démie ne peuvent les contenir tous et qu’on est obligé de dire : « Cette année, M. Lavoisier a présenté tant de Mémoires qu’il a été impossible de les imprimer tous. »

Regardez-y de près néanmoins, et vous verrez que ces années d’abondance ne sont pas toujours celles qui ont coûté les plus grands travaux. Les Mémoires dans lesquels des recherches profondes et sévères se manifestent sont toujours précédés par quelque temps de repos et paraissent pour ainsi dire isolés. C’est ainsi que, lorsqu’on voit paraître le magnifique Mémoire sur les chaleurs spécifiques, où à tant d’exactes déterminations Laplace et lui ajoutent des observations d’un si haut intérêt sur la quantité de chaleur dégagée dans la combustion ou dans l’acte de la respiration, Lavoisier semblait se reposer depuis deux ans. C’est qu’il lui avait fallu le temps d’exécuter de nombreux essais préparatoires pour maîtriser l’emploi du calorimètre, outre le temps que les expériences précises avaient elles-mêmes exigé.

Ainsi, pendant quatorze ans, sa pensée toujours féconde et sa main toujours infatigable n’ont pas un seul instant connu le repos. Pendant quatorze ans, il a toujours payé sa dette à la Science avec la même régularité, suppléant au nombre des Mémoires par leur profondeur ou à leur profondeur par le nombre.