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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

servent à compléter quelque raisonnement demeuré imparfait. C’est, en effet, le propre d’une théorie générale vraie ; non-seulement elle permet d’expliquer ce qu’on sait déjà, mais encore ce que l’on apprend ensuite, et même ce qu’on laisse à découvrir à la postérité.

Du reste rien de plus commun que ce contraste. Bien des gens qui raisonnent comme Priestley se trouvent encore dans la Science, et ceux qui raisonnent comme Lavoisier sont rares. Aujourd’hui comme alors, demain comme aujourd’hui, vous trouverez des hommes qui diront : Plus je découvre de faits, moins je les comprends ; et d’autres plus rares qui ont acquis le droit de dire : Plus je découvre de faits, plus ils raffermissant mes opinions.

Mais vous me demanderez sans doute si la théorie de Lavoisier, cette théorie qu’on lui attribue aujourd’hui d’un consentement unanime, vous me demanderez si elle n’a suscité aucune de ces réclamations si communes dans les sciences. Vous aurez raison, car la beauté des résultats de Lavoisier, la précision inconnue de ses expériences, en fixant sur lui des regards jaloux, lui attirèrent le sort qui menace tous les inventeurs de haut parage. Tant que ses idées demeurèrent obscures, on ne dit rien ; mais, vers l’époque où sa théorie commençait à devenir une puissance, on déterra un ouvrage où