Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
LAVOISIER.

cette théorie se trouvait présentée dans ce qu’elle avait d’essentiel. C’est là une chose dont nous sommes journellement témoins. Quand on annonce une idée nouvelle, il se trouve certains esprits qui disent aussitôt qu’elle n’est pas vraie ; quand on leur a prouvé qu’elle est vraie, ils se consolent en disant qu’elle n’est pas nouvelle, et ils le prouvent facilement, car il est toujours possible, en consultant les anciens documents, d’y trouver une pensée quelconque qui se rapproche plus ou moins des opinions qu’on attaque. C’est ce qui est arrivé pour Lavoisier.

En 1630, époque où Salomon de Caus publiait ses expériences sur la vapeur d’eau, Jean Rey, médecin périgourdin, écrivait quelques essais sur la cause de l’augmentation de poids des métaux qu’on calciné. Cette augmentation de poids était connue dès la naissance de la Chimie. Au viiie siècle, Geber en parle d’une manière parfaitement claire, en ce qui concerne le plomb et l’étain ; mais personne n’en avait pu donner d’explication satisfaisante. Jean Rey l’explique en prouvant par le raisonnement et l’expérience que les métaux qu’on calcine augmentent de poids, par le meslange de l’air espessi ; c’est-à-dire parce qu’ils s’emparent d’une certaine quantité d’air. Il serait trop long de le suivre dans la manière dont il établit cette opinion ; mais il est